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Le groupe de semi-conducteurs Broadcom a intensifié la pression sur son concurrent Qualcomm en relevant son offre d'achat hostile, qui devient la plus coûteuse de l'histoire du secteur technologique.

Broadcom, basé à Singagour, offre désormais un peu plus de 121 milliards de dollars (hors reprise de dette) soit 82 dollars par action (60 dollars en liquide et le reste en actions Broadcom) contre 70 dollars auparavant, a-t-il indiqué.

Cette nouvelle offre représente un gain de 50% par rapport au cours de clôture de Qualcomm le 2 novembre, dernière journée avant que des rumeurs ne circulent sur cette transaction.

Cette vive hausse intensifie la pression sur Qualcomm, le leader de la production de puces pour appareils mobiles, basé en Californie. Sa réunion annuelle d'actionnaires est prévue le mois prochain.

Un rachat de Qualcomm, qui fabrique notamment des composants pour Apple, créerait un mastodonte dans un secteur en pleine consolidation face au développement de technologies liées aux véhicules autonomes.

Dans une lettre adressée aux membres du conseil d'administration de Qualcomm, le directeur de Broadcom, Hock Tan, a qualifié l'offre d' « extrêmement convaincante par rapport à toute alternative ». Il a invité le conseil à entamer des pourparlers. Mais le groupe, qui a entamé son processus d'incorporation aux Etats-Unis, a averti que l'accord serait retiré de la table s'il ne parvient pas à obtenir l'approbation des actionnaires dès le mois prochain.

Broadcom avait proposé le 6 novembre un montant total de près de 105 milliards de dollars et la reprise de 25 milliards de dollars de dette. Qualcomm avait rejeté l'offre une semaine plus tard, la jugeant sous-évaluée.

« Nous continuons d'espérer que vous choisirez de collaborer avec nous pour le bénéfice de vos actionnaires », a déclaré Tan.

« Néanmoins, nous retirerons cette proposition et cesserons notre démarche pour l'acquisition de Qualcomm immédiatement après votre prochaine réunion annuelle à moins que nous n'ayons conclu un accord définitif ou que la liste au conseil d'administration proposée par Broadcom ne soit élue », prévient le groupe.

Broadcom a proposé l'année dernière une liste de 11 nouveaux membres au conseil d'administration de Qualcomm afin de remporter l'OPA. Qualcomm a déclaré avoir pris acte de l'offre et l'évaluer « en conformité avec (ses) obligations fiduciaires ». Le groupe dit consulter « ses conseillers financiers et juridiques ».

Jusqu'à maintenant, Qualcomm a rejeté le rapprochement, le PDG, Steve Mollenkopf, ayant affirmé l'année dernière que ce n'était « pas la voie » vers une meilleure valorisation.

Mollenkopf avait affirmé que Qualcomm, principal fournisseur mondial de puces pour smartphones, était bien positionné pour les technologies émergentes pour les appareils connectés ainsi que pour le réseau internet mobile ultrarapide 5G.

S'il est conclu, l'accord, qui serait le plus important jamais atteint dans le secteur de la technologie, devra recevoir l'aval des autorités règlementaires américaines.

Broadcom a indiqué que son offre tiendrait quelle que soit l'issue du projet de rachat par le fabricant américain de son concurrent néerlandais NXP, une opération valorisant ce dernier à 47 milliards de dollars. La commission européenne a approuvé cette fusion le mois dernier sous certaines conditions.

Le groupe basé à Singapour s'est dit prêt à payer un dédit important à Qualcomm si les deux groupes étaient d'accord pour la fusion mais qu'elle soit bloquée par les régulateurs. Broadcom propose aussi des liquidités supplémentaires aux actionnaires de Qualcomm si la transaction n'est pas conclue dans un délai d'un an.

Broadcom est né du rachat en 2015 du groupe américain du même nom par le groupe américano-singapourien Avago Technologies. La nouvelle entité avait conservé le nom de Broadcom mais le siège avait été établi à Singapour.

Cependant, après une rencontre avec le président américain, Donald Trump, en novembre, le groupe avait indiqué qu'il comptait se relocaliser aux Etats-Unis.