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La fluidité des transactions « mobile money » entre les différents acteurs du marché va encourager l’usage d’offres telles que le transfert entre comptes bancaires et comptes mobile money, le transfert d’argent,  ainsi que le règlement d’achats.  

L’interopérabilité : un véritable levier de croissance pour les opérateurs 

Les  zones  où la bancarisation reste marginale, constituent les marchés de prédilection du mobile money. L’interopérabilité est susceptible de démultiplier et d’intensifier ses usages et est à ce titre un puissant accélérateur de recrutement de nouveaux utilisateurs, mais rares sont les services de mobile money qui interopèrent avec d’autres services de mobile  money.S’il semble aujourd’hui difficile d’imaginer des réseaux de télécommunications totalement dépourvus d’interconnexion à d’autres réseaux nationaux ou internationaux, rares sont encore les services de mobile money qui sont interconnectés avec d’autres. Fin 2016, seuls  quinze pays accueillaient des services domestiques de transferts d’argent inter-réseaux via ce service, tandis que la plupart des banques offrent la possibilité de réaliser des opérations interbancaires. Le principal frein au développement de l’interopérabilité reste l’ouverture de sa base aux concurrents. Dans un contexte où nombre de services n’ont pas atteint leur taille critique, les opérateurs de mobile money se montrent en effet réticents à rendre leurs services interopérables. En ouvrant l’accès à leur propre base d’utilisateurs et de partenaires, certains craignent de perdre des parts de marché ou de devoir partager avec d’autres acteurs des revenus qui sont captifs tant que les usages demeurent cantonnés à leur propre réseau.

 

Pourtant, l’interopérabilité constitue un puissant levier de croissance. En ouvrant les offres mobiles money aux autres acteurs du marché, les opérateurs ont l’opportunité de renforcer sensiblement l’attractivité de leurs offres.

 

Le transfert d’argent  national et international

En premier lieu, les opérateurs de services financiers mobiles ont la faculté d’interopérer avec des services de même nature à l’échelle nationale ou internationale. C’est l’interopérabilité entendue au sens strict. Elle permet aux utilisateurs d’un réseau donné d’interagir avec les utilisateurs d’un autre réseau de « mobile money ». Elle favorise notamment les transferts d’argent inter-réseaux. Ce type d’interopérabilité a été utilisé à l’échelle nationale dans des pays tels que l’Indonésie, la Tanzanie, le Rwanda ou encore la Jordanie.

 

De nouvelles opportunités à saisir

Au-delà, les services de « mobile money » ont l’opportunité d’interopérer avec d’autres types de services ou de réseaux. Dans cette définition large de l’interopérabilité, les combinaisons sont riches. Elles ouvrent la voie à une diversification à grande échelle des usages des services financiers mobiles :

   

  • Les transferts entre comptes bancaires et comptes mobile money

En se connectant à des réseaux bancaires, les opérateurs peuvent proposer des transferts entre comptes bancaires et comptes « mobile money ». Fin 2016, plus de 40% des services « mobile money » étaient déjà connectés à une banque. Ces services offrent aux utilisateurs la possibilité d’échanger des fonds avec des utilisateurs bancarisés, étendant ainsi la portée des services de transfert d’argent.

Au-delà, les services financiers mobiles peuvent être connectés à des infrastructures interbancaires. Dans cette configuration, les utilisateurs de « mobile money » peuvent accéder à des services tels que le retrait dans les distributeurs automatiques de billets, l’usage de cartes de débit ou de crédit adossées aux comptes « mobile money » ou encore l’accès à des réseaux de paiement marchand nationaux.

  

  • Les services de transfert d’argent

L’interopérabilité avec ce type de plates-formes permet d’émettre ou de recevoir des fonds via les « terminaisons » (points de vente physique, portails web…) d’opérateurs de transfert d’argent. Ainsi, les utilisateurs d’un service de « mobile money » peuvent réaliser des transferts avec des correspondants qui ne pourraient ou ne souhaiteraient souscrire à ce même service. Ces dispositifs ouvrent la voie à des transferts depuis ou vers des zones dans lesquelles l’opérateur ne serait pas présent : ils facilitent l’établissement et la démultiplication de corridors de transfert internationaux.

 

  • Le règlement d’achats via mobile money  

En interconnectant leurs plates-formes avec des systèmes marchands, les opérateurs peuvent permettre aux utilisateurs de régler leurs achats via « mobile money ». C’est le domaine dans lequel l’interopérabilité semble être  la plus prometteuse.

Dans plusieurs pays, les opérateurs sont déjà parvenus à conclure des accords avec des réseaux de distribution de carburant, des chaînes de supermarchés ou encore de taxis. Le paiement marchand via « mobile money » s’avère en outre particulièrement pertinent pour des biens dématérialisés, qui peuvent être achetés « à distance », tels que gaming, musique, vidéo, e-books… 

 

  • Le développement de prestations de services publics 

L’interopérabilité est également susceptible de développer les transactions financières réalisées avec des acteurs publics. Pour les autorités, c’est l’opportunité de renforcer la qualité des services publics : d’une part en optimisant la traçabilité des transactions, d’autre part en optimisant l’expérience « client » des administrés. En effet les paiements mobiles permettent notamment de délivrer « à distance » certaines prestations (ex. : versement de pensions, paiement de redevances…) qui nécessitent encore, dans de nombreuses régions, le besoin de se rendre à un guichet de paiement, d’y patienter dans une file d’attente, de payer les frais induits par ce déplacement.

 

Malgré le succès que le « mobile money » connaît  dans le monde et notamment en Afrique subsaharienne, son développement pourrait s’essouffler et atteindre ses limites s’il est toujours géré  en modèle fermé ou « closedloop ». C'est-à-dire que chaque opérateur réserve l’usage de son service de « mobile money »  uniquement à ses clients. Pour continuer à se développer et à générer les revenus attendus pour les opérateurs, l’interopérabilité constitue le levier capable de transformer ces systèmes de « mobile money » en systèmes de paiement dits universels ou « open loop » et d’en renforcer l’attractivité afin de recruter de nouveaux utilisateurs et d’intensifier les usages.

 

Comment SOFRECOM se positionne sur le marché du mobile money ?

Sofrecom, filiale du groupe Orange, accompagne la transformation et le développement de ses clients opérateurs, gouvernements et institutions en leur apportant conseil,  développement IT et solutions opérationnelles tout en capitalisant sur l’expertise et le savoir-faire uniques de ses 1750 consultants et experts et sur l’Innovation du groupe Orange.

Le lancement d'une offre « mobile money » fait partie de la transformation digitale d'un opérateur télécoms. Nous accompagnons nos clients pour construire une proposition de valeur adaptée au marché. Nous co-construisons avec eux et pour eux, l'organisation qui permet de délivrer une qualité de service irréprochable tout en veillant au respect des enjeux et contraintes de conformité règlementaires pour devenir un acteur de service financier. En effet, l'anti-blanchiment d'argent, la connexion client, la lutte contre le terrorisme sont des sujets très spécifiques aux services financiers, aux services de paiement qu’il convient d’adresser  avant tout lancement de services mobiles money. La réussite de tel lancement auprès de populations peu bancarisées est basée sur la confiance, confiance qui ne peut être acquise que par la démonstration que le service est géré de manière professionnelle et conforme.

 

Rédigé par Benoît Menard, directeur conseil secteurs B2B et services financiers mobiles

et Sylvain Morilère, senior manager des services financiers mobiles