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La France a lancé officiellement sa procédure d'attribution des fréquences 5G aux opérateurs télécoms, espérant un premier déploiement commercial dans quelques grandes villes françaises à la fin de 2020 et la couverture des deux tiers de la population d'ici 2026.

Le déploiement de la 5G, qui permettra de transmettre beaucoup plus rapidement que la téléphonie mobile actuelle de très grandes quantités de données, est considéré comme le prochain grand défi en matière de télécoms dans le monde. Elle doit permettre le développement de technologies futuristes, comme l'intelligence artificielle, les véhicules autonomes ou les usines automatisées.

Alors que plusieurs pays européens ont déjà attribué leurs fréquences, la France s'est lancée dans la course avec la publication par le régulateur des télécoms, l'Arcep, de la procédure qui sera suivie.

La France « n'est pas dans les premiers » en Europe pour attribuer ses fréquences, mais elle « n'est pas en retard », a assuré le président de l'Arcep, Sébastien Soriano, devant la presse.

La procédure de cession sera hybride, mêlant vente à prix fixe pour un premier ensemble de fréquences et vente aux enchères pour un deuxième ensemble. Les opérateurs télécoms auront jusqu'au 4 septembre pour donner leur avis sur les modalités retenues par l'Arcep et le gouvernement. A l'automne, le gouvernement fixera les prix retenus et les cessions et les enchères auront lieu dans la foulée pour que le processus d'attribution puisse être juridiquement bouclé au début de l'année 2020. Le produit de la cession des fréquences - pour 15 ans, renouvelable pour 5 ans - devrait se chiffrer en milliard d'euros.

En Allemagne, le gouvernement a organisé un système d'enchères qui a rapporté 6,5 milliards d'euros, alors que les spécialistes misaient plutôt sur un chiffre compris entre 3 et 5 milliards. Les spécialistes ne s'attendent toutefois pas à ce que l'opération rapporte autant en France.

Selon le schéma de déploiement de la 5G présenté par l'Arcep, chaque opérateur devrait proposer une offre 5G dans deux villes françaises avant la fin de 2020. La montée en puissance serait progressive, pour qu'à la fin 2025, chaque opérateur ait équipé 12 000 sites en 5G, soit une couverture des deux tiers de la population environ. Sur ces 12 000 sites, une partie (20-25%) devra se trouver en zones moins denses, pour desservir par exemple des zones industrielles et zones d'activité de petites villes où se trouvent des PME ayant besoin de la 5G. Pour les zones restantes, les opérateurs auront l'obligation de proposer un service « type 5G » de 240 mégabits par seconde, qui représente 4 fois le débit d'un service 4G actuel.

L'ensemble du territoire sera couvert, soit en 5G, soit en « type 5G », à la fin 2030, selon le document mis en consultation par l'Arcep qui prévoit également que les autoroutes soient équipés avec un débit « équivalent 5G » à la fin 2025, le délai étant porté à fin 2027 pour les routes principales.

Certains opérateurs ont commencé à déployer de la 5G en Europe. Elle est ainsi disponible pour les usagers à Monaco et à San Marin, et commence à l'être en Suisse, en Finlande, en Estonie, et au Royaume-Uni.

Au plan mondial, la Corée du Sud a annoncé début avril la couverture de la totalité de son territoire par ses trois opérateurs nationaux. En Chine, l'opérateur China Mobile a annoncé qu'il couvrirait cette année

40 villes en 5G. L'opérateur américain Verizon couvre Minneapolis et Chicago depuis avril. 

Pour autant, peu de fabricants de smartphones disposent pour l'heure d'appareils compatibles avec les nouveaux réseaux. La bande de fréquence mise en jeu est celle des 3,4/3,8 GHz qui vise en priorité les zones urbaines et économiques, en offrant le meilleur compromis entre pénétration dans les bâtiments, portée et débit. D'autres bandes (700 MHz et 26 GHz) pourront être utilisées par les opérateurs pour des besoins plus spécifiques.