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Le déploiement du très haut débit fixe (THD) est l’une des bases fondatrices de la transformation digitale d’une nation. Sa complexité n’est pas seulement attachée à la diversité et au volume des compétences à mobiliser pour en assurer le succès, mais consiste d’abord en un alignement de l’ensemble des acteurs, des industriels aux services publics en passant par les opérateurs, matérialisé par un plan stratégique.

Son succès passe par une optimisation continue des coûts de déploiement mais aussi par une organisation d’ensemble qui garantisse la qualité des déploiements pour assurer la pérennité des infrastructures tout autant que la tenue de la promesse pour les utilisateurs finaux.

 

Des acteurs à aligner

Déployer le THD fixe est d’abord un projet d’une nation qui s’engage sur la voie de la transformation digitale, avec une vision durable et structurée.

Cette vision intègre à la fois la considération du client final, du particulier à l’entreprise, de sorte à donner un sens utilisateur à l’infrastructure,  ainsi que la prise en compte de la réalité économique et démographique du territoire géographique, à savoir : quelles zones prioriser, quelle place donner à l’aménagement des zones rurales, etc. C’est donc l’issue d’une étude stratégique multisectorielle qui associe l’ensemble des représentants des différents domaines et qui conclut sur les grandes orientations à prendre.

C’est enfin un écosystème à mobiliser dans un but commun de réussite de ce plan pluriannuel complexe : articuler les opérateurs de réseaux pour un déploiement qui favorise la complémentarité des efforts, orienter les règles de régulation locale pour à la fois soutenir la réalisation du plan et garantir un cadre concurrentiel adapté (règles de mutualisation ou de commercialisation par exemple), ou favoriser l’acceptation de la réalisation du plan par les acteurs de l’urbanisme tout en leur garantissant le respect de leurs propres priorités.

 

Compétences à mobiliser

La particularité de la réalisation d’un plan de déploiement réside probablement dans la diversité des métiers qui sont à mobiliser de façon massive et cohérente sur les différentes phases du déploiement.

En phase amont de préparation, c’est une étude précise de la structure de l’habitat qui permet d’abord d’alimenter l’étape clef de la conception du réseau à déployer. Étape d’autant plus importante qu’elle fige des dimensions essentielles telles que le dimensionnement structurel du réseau : l’arborescence, le volume maximal des artères, etc.

Le déploiement lui-même s’appuie sur les métiers du génie-civil puis sur des compétences plus rares des métiers de la fibre comme les soudeurs, avant d’assurer le résultat final par des équipes de test de bout en bout. Il aura aussi été précédé de la préparation des centres techniques siège du déploiement des infrastructures actives du THD.

Mais la difficulté se trouve renforcée par les volumes de ces différents acteurs. On note que souvent la réalisation des plans nationaux s’accompagne de création de filières dédiées de formation qui participe aux bénéfices induits d’un plan THD.

 

Investissements à optimiser

Le financement d’un plan THD est forcément un enjeu, compte tenu des coûts que représente un tel déploiement souvent massif. Alors autant en garantir l’optimisation par des méthodes appropriées.

Cela commence par une conception qui intègre cette dimension financière. Les derniers outils de conception calculent notamment un optimum de longueur des artères fibre et des équipements intermédiaires tels que le couplage.

Cela se poursuit par la réalisation du génie civil : entre la réutilisation de l’existant, quand cela fait sens et la mise en œuvre de méthodes spécifiques comme le micro-tranchage, les enjeux d’économie se révèlent importants.

Au final, on estime entre 10% et 25% les gains possibles en cumulant les bonnes pratiques sur ces étapes de la construction. Mais il ne faut pas négliger la qualité de réalisation qui garantit une optimisation des coûts ultérieurs de maintien en fonctionnement de l’infrastructure.

 

Une qualité à maîtriser

La qualité de réalisation n’est donc pas qu’une garantie d’un fonctionnement optimisé pour le client final, mais une marque de pérennité de l’infrastructure et donc de la réussite du plan national qui en a décidé et organisé la création.

Mais comment obtenir ce résultat alors même que le déploiement est l’issue d’un enchainement de tâches qui mobilisent des compétences tellement différentes ?

Il faut accepter de disposer d’instances de contrôle qui vont vérifier au moment même des travaux  qu’ils sont conformes aux règles de l’art et au cadre de conception qui a été défini. Certes, c’est un coût supplémentaire qui s’ajoute à un projet déjà très mobilisateur de ressources financières, mais les 7 à 10% du coût de production qu’il représente sont une assurance qui se retrouve dans la vie de réseau.

 

Au final, une ambition à assumer

Certes, un plan de déploiement THD est un programme complexe mais faut-il en être surpris pour un projet qui porte de tels enjeux pour une nation : la transformation qui accompagne les usages digitaux est tellement structurante pour l’ensemble du tissu économique qu’elle justifie de faire face à cette complexité.

Et finalement, n’est-ce pas là une belle aventure qui permet de fédérer les grands acteurs politiques et économiques et de laisser une trace durable dans la vie de la nation ?

Rédigé par Thierry Papin, directeur général adjoint, directeur business unit IT & Networks chez Sofrecom