Dans une entrevue avec les organisateurs de l'événement West Africa Com, Gaspard Datondji, conseiller auprès du directeur général de Bénin Telecoms Services, a affirmé que le marché des télécoms connaît un grand développement. Il a également partagé quelques réflexions sur l'évolution du marché régional. A noter aussi que M. Datondji va se joindre à un groupe de discussion sur les développements du haut débit lors de l'événement West Africa Com qui se tiendra en juin 2016.
Sur quels principaux objectifs travaillez-vous cette année ?
Dans le contexte du marché très concurrentiel des télécommunications au Bénin, Bénin Telecoms Services entend fondamentalement cette année être un opérateur de télécommunications de premier rang fournissant des offres et services très attrayants, compétitifs et répondant aux besoins de la clientèle (4G LTE, fibre optique, liaisons spécialisées Internet, interconnexion de sites distants, etc.). De plus, Bénin Telecom va accentuer sa présence sur le marché des Petites et Moyennes Entreprises (PME).
Veiller de façon permanente sur l'aspect technologique et concurrentiel, afin de toujours se hisser à la pointe de la technologie, est un objectif principal pour nous. L'un des défis majeurs reste de suivre de très près l'évolution du marché des produits 4G LTE, afin de prendre des décisions qui devraient permettre à l'entreprise de maintenir une croissance durable et d'offrir à la clientèle des services de grande qualité.
À l'heure actuelle, nos préoccupations se résument fondamentalement à l'émergence de la technologie 4G LTE, de même que la croissance des services liés à la fourniture de l'accès Internet via la technologie de la fibre optique.
Selon vous, quel produit ou service aura l'impact le plus important sur l'évolution du marché en Afrique de l'Ouest au cours des prochaines années?
Au cours des prochaines années, les services qui auront l'impact le plus important sur l'évolution du marché en Afrique de l'Ouest sont ceux en rapport avec l'économie numérique et notamment ceux qui permettent d'assurer le mariage entre l'économie numérique et les services financiers. L'économie numérique est en effet aujourd'hui au cœur de la croissance et de la compétitivité des nations et des entreprises à l'échelle planétaire.
Dans les pays en voie de développement, notamment les pays d'Afrique de l'Ouest, le potentiel du numérique dans l'économie est encore sous exploité. Mais, il faut quand-même reconnaitre la participation remarquable du numérique dans le secteur tertiaire, notamment les services bancaires.
En réalité, les Etats ouest-africains doivent notamment se doter d'un véritable " Plan national de développement du numérique " qui doit intégrer au minimum les aspects ci-après :
- Une stratégie visant à réduire dramatiquement la fracture numérique et à démocratiser l'accès à l'Internet haut débit
- La revue du contenu et de la qualité de la formation professionnelle dans le domaine du numérique, afin de mieux l'adapter aux besoins des entreprises et de l'administration
- La promotion de la production de contenus numériques locaux et de la numérisation des services financiers, économiques et sociaux
Enfin, ce plan stratégique de développement du numérique doit être inclusif et devra notamment impliquer les principaux acteurs de l'économie numérique que sont : les opérateurs de télécoms, les FAI, les équipementiers, les SSII, les entreprises de commerce électronique, de service en ligne et de production de contenus en ligne, les banques, les assurances, l'administration, etc.
Quels segments du marché sont susceptibles de générer le plus de revenus pour les opérateurs et les fournisseurs de services dans les années à venir?
Il s'agit essentiellement des segments de marché concernés par les services ci-après :
- les services Internet en mode OTT (over-the-top) : ils connaissent une progression fulgurante et leur croissance annuelle moyenne devient plus importante (services de voix, d'images et de vidéo sur Skype, Facebook, Viber, WhatsApp, Twitter, Rackuten (e-commerce), etc.). Les OTT s'appuient sur les infrastructures des opérateurs pour diffuser leurs contenus et services. Les opérateurs de télécommunications doivent notamment les intégrer dans leur modèle économique en procédant par exemple à la commercialisation directe de l'accès aux OTT pour offrir un service premium à leurs clients. Ainsi, les OTT pourront représenter une chance pour les opérateurs qui peuvent ainsi valoriser leur bande passante
- le développement d'applications mobiles et de services alternatifs (e-banking, e-business, e-learning, etc.) et d'initiatives institutionnelles/globales à fort potentiel qui numérisent des secteurs traditionnels tels que l'agriculture, la santé et l'éducation
- Le streaming vidéo et autres services assimilés qui découleront de la migration des chaînes de télévision de l'analogique vers le numérique
Qu'attendez-vous de votre participation à West Africa Com cette année?
West Africa Com est une opportunité exceptionnelle pour échanger des idées entre acteurs et professionnels du marché des télécommunications, régionaux ou de divers horizons, et surtout pour créer une vision commune des télécoms en Afrique.
Nous nous attendons à ce que West Africa Com nous permette de discuter avec les acteurs et professionnels du domaine des télécommunications et des systèmes d'informations d'autres pays sur les stratégies innovantes de développement et d'expansion du marché dans la sous-région ouest-africaine. Sans aucun doute, nous espérons aussi développer une chaîne solide de partenariats pour négocier avec succès cette période de transformations profonde du secteur des télécommunications en Afrique et surtout en Afrique de l'Ouest.