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Bilel Jamoussi : "" On parle de 25 à 50 milliards de connexion d'ici à 2020 ""

Durant une entrevue exclusive accordée à  Telecom Review, Bilel Jamoussi, chef du département Etudes à l'UIT, a projeté les visions futures de cette Union internationale ainsi que les projets de 2020, et déclaré qu'il travaille pour introduire l'Open Source dans le travail de l'organisme auquel il collabore.

Dans votre cadre professionnel quelles sont vos préoccupations ? Et quelle est votre vision de l'horizon 2020 ?

Mes préoccupations sont  les groupes qui développent les normes internationales pour tout ce qui est télécom et éthique dans le domaine de l'ICT (TIC). Les sujets les plus importants aujourd'hui sont l'internet des objets (IOT) et son application dans les villes intelligentes.

Le deuxième sujet c'est la 5ème Génération, surtout du côté standardisation du réseau fixe plutôt que radio, parce qu'au sein de l'UIT on trouve 3 secteurs à savoir : de normalisation, de radiocommunications et de développement.

Le secteur de normalisation s'occupe sur toutes les parties non radio. Et le réseau 5G sera  assez différent de celui de la 4G, puisque ce n'est pas seulement une évolution vers la 5G, c'est peut-être une révolution. La 2G a été celle de la voie, la 3G était celle des datas (données), la 4G c'est celle des Broadband Data (échanges de données sur bandes larges), mais la 5G sera vraiment "" Ultra Broadband Data "" (échanges de données sur bandes ultra larges) en plus de la voie et l'internet des objets.

Le réseau est "" Stretched "", et la vitesse avec 5G est énorme puisque c'est 1 à 10 Giga par personne/utilisateurs/connexion. Cela demande des techniques qui focalisent par exemple les radios  (Be informing, en anglais) sur l'utilisateur. Ce geste de "" Be informing "" doit être fait en temps réel. Parce que moi, en tant qu'utilisateur, je veux télécharger quelque choses de rapide et avoir une connexion 10 Giga, le réseau doit s'adapter pour me fournir ces 10 Giga pendant quelques instants avant de le donner à quelqu'un par exemple. Par conséquent, il y a une programmation. Le réseau devient beaucoup plus intelligent, c'est pour cela qu'on parle de "" Software Defined Networking "", de "" Network Virtualization "", de ""Front Hall "" et c'est la partie vraiment radio vers le réseau qui demande une rapidité une "" Latency "" (latence) très réduite.

La partie non radio de la 5G, est très intelligente, très programmable, qui doit s'adapter en même temps pour fournir  des connexions de quelques kilo bites/seconde pour l'internet des objets et détecteur par exemple, mais en même temps de 1 à 10 gigabits pour l'utilisateur qui va télécharger quelque chose rapidement ou faire un "" Upload "" (téléchargement) d'une vidéo par exemple.

Donc, un réseau statique sera très coûteux pour l'opérateur. Nous nous sommes réunis avec les CTO (Chief TechnologyOfficer) des grands opérateurs comme Korea Telecom, China Mobile, NTT Docomo, qui ont clairement annoncé que leurs réseaux seraient programmés pour accueillir la 5G. Mais ils veulent avoir beaucoup plus de contrôle et de Management, c'est-à-dire une gestion de réseau qui est beaucoup plus intelligente.

A noter que la partie fréquence de la 5G va être terminée d'ici 2019 et le lancement vraiment commercial en 2020. C'est pour cela que l'UIT l'appelle "" IMT 2020 "". Il y a tout un road  Map qui va donner les fréquences et les normes. Et nous travaillons en parallèle avec le secteur de radio pour fournir la partie fixe qui est nécessaire à cette intelligence qui fournit ces services de vision, données à hauts débits et l'internet des objets.

En ce qui concerne l'internet des objets, c'est le nombre de connexions. On parle de 25 à 50 milliards de connexions d'ici à 2020. La masse du Scale du réseau va fournir tout ce qui est nécessaire.

Pour revenir à nos objectifs, l'internet des objets pour les villes intelligentes, 5ème Génération, et 3ème point, c'est tout ce qui est confiance.

Pour nous, la confiance est l'utilisation d'éthique. Parce qu'actuellement, avec nos portables et nos smartphones, nous pouvons profiter de  tout ce qui est médical, transactions bancaires, photos de famille, de secrets etc. qui sont tous stockés sur cet appareil. Pour que ça continue et pour que les gens utilisent de plus en plus ces services, ils doivent avoir un minimum de confiance qui n'est pas seulement la sécurité de la connexion mais quelque chose de qualitatif et non pas quantitatif. De telle façon l'utilisateur a suffisamment de confiance dans l'application et dans les réseaux pour faire de la transaction.

Quels sont vos projets pour 2016, vos réussites en 2015 ?

L'Assemblée mondiale de normalisation de télécommunications tiendra sa conférence internationale au mois de novembre 2016, et on attend la contribution de certains membres concernés par ce sujet.

En attendant l'Assemblée mondiale, l'UIT est assez dynamique parce qu'en juin 2015, son groupe consultatif du secteur de normalisation, a créé une nouvelle commission d'étude dédiée à l'internet des objets et aux villes intelligentes, a basé son travail, pendant plusieurs années, sur un groupe spécialisé sur les villes intelligentes "" smart cities "" pour créer des recommandations. Ce groupe spécialisé à déjà publié 21 rapports sur les villes intelligentes qui inclut aussi des KPI (Key Performance indicators).

Nous avons un projet avec Dubaï pour mesurer ses KPI comme une ville intelligente. C'est un projet qui doit durer deux ans à partir de son lancement en 2015. Nous avons signé cette convention au mois de mai 2015 à Abu Dhabi, avec un objectif de terminer ce projet en 2017 et éventuellement certifié Dubaï en étant comme une ville intelligente.

Nous avons signé le même contrat pareil avec Singapour. Ce n'est pas vraiment uniquement une "" Smart City "", mais une "" Smart Nation "". Il y a aussi d'autres villes en Amérique latine où nous nous apprêtons à le faire.

L'UIT est vraiment très dynamique pour répondre aux besoins, et l'urgence de travailler sur ce sujet très stratégique qu'est l'internet des objets.

Comment évaluez-vous les performances de l'UIT ?

L'UIT fête les 150 ans de  sa création. Le fait qu'une organisation reste active après 150 ans d'existence atteste qu'elle s'adapte très rapidement aux nouvelles technologies.

L'UIT a commencé en gérant les réseaux  d'inter connexion de télégraphie entre 40 pays ; par la suite, elle a évoluée pour s'occuper de la téléphonie, des fibres optiques et, aujourd'hui, nous  parlons d'internet des objets.

L'UIT s'adapte très rapidement, surtout grâce à sa composition et ses membres, puisqu'elle est  un partenariat public/privé universitaire.

Il y a les Etats membres et 193 pays, 700 entreprises grandes et petites, et 100 universités partout dans le monde qui sont très actifs au niveau de la normalisation, de la radiocommunication et le développement.

 

Quelles sont vos innovations dans le secteur des TIC ?

Je dirais que la plus grande innovation aujourd'hui, à part les 3 sujets stratégiques, est une discussion sérieuse à propos de l' "" Open Source "". Parce que,  pour nous, les normes sur papier ne sont pas suffisantes. Actuellement,  les entreprises grandes et petites se basent beaucoup sur des logiciels open source, et l'UIT travaille avec ces membres pour trouver une formule afin d'avoir une License Open Source Telecom. Parce qu'Il y a plusieurs License d'Open Source pour chaque secteur, chaque industrie.

L'Open Source en Telecom devient une nécessité pas seulement pour le marché de  la télécommunication mais en plus pour les grands fabricants de voitures comme BMW, Tesla… ; ils ont beaucoup de technologies dans la voiture qui est basée sur l'Open Source. Parce que ça donne une indépendance d'un seul producteur de ce logiciel, et fournit  l'adaptabilité et la possibilité d'ajouter très rapidement des articles.

Cela s'applique pour tout ce qui est Telecom. Pour notre travail à l'UIT, nous avons une réflexion très profonde : comment introduire l'Open Source à notre travail ?

Nous n'avons pas encore de formule magique, mais  nous avons récemment commencé avec les grandes entreprises, ainsi que les petites entreprises de l'UIT qui sont membres IPR (Intellectual Property Right). Ce groupe a à sa tête le directeur de normalisation.

La dernière réunion s'est tenue à Washington au début de novembre 2015 et c'était : IPR in Telecom, comment prévoir le futur des télécoms, surtout avec la 5G, pour qu'elle soit développée avec une minimalisation des risques. C'est une véritable préoccupation des opérateurs.

Quelles procédures suivez-vous pour pouvoir attirer le plus grand public possible en Afrique du Nord ?

L'Afrique du Nord est relativement peu éloignée de Genève où se trouve notre siège. Par conséquent, ses membres peuvent physiquement facilement accéder à nos réunions. Mais aussi les pays d 'Afrique du Nord comme la Tunisie, l'Algérie, le Maroc, le Soudan, l'Egypte  souvent s'invitent  à nos réunions: régionales, de groupes régionaux, des manifestations, des  ateliers de travail, qui donnent une opportunité aux ingénieurs, régulateurs et l'écosystème qui  Å“uvrent sur l'éthique, de participer à nos travaux.

Il y a même des propositions pour héberger de grandes conférences de l'UIT en Afrique du Nord, et cela permet un échange et une continuation de participation. Sans doute que la Tunisie est un pays trèsproche de l'UIT.