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ICT4ALL : préparations  intensifiées pour une "" Tunisie Digitale ""

En Tunisie, en parallèle et pendant que se déroulaient les travaux de la 9ème édition d'ICT4ALL 2015,   Noomane Fehri, ministre (tunisien) des Technologies de la Communication et de l'Economie, a accordé une interview exclusive aux collaborateurs de "" Telecom Review "", au cours de laquelle il a insisté pour ouvrir la voie à l'économie créative qui va transformer la Tunisie et sans doute toute l'Afrique.

Comment évaluez-vous la situation technologique en Tunisie? Est-elle bonne, moyenne ou en retard par rapport aux autres pays?

La situation technologique en Tunisie est relativement bonne, parce que nous possédons toutes les bases et les ingrédients pour qu'elle le soit réellement, mais durant les quatre années qui sont écoulées, l'instabilité gouvernementale d'alors nous a fait prendre du retard.  Mais maintenant, l'engagement politique, citoyen, et celui des entreprises tunisiennes, est très bon !

Quels regards portez-vous sur le classement international de la Tunisie dû à l'utilisation des  TIC ?

De 2005 à 2010 nous avons bien avancé. De 2011 à 2014 nous avons reculé.

Nous ambitionnons, durant la période s'étendant de 2015 à 2019, d'être classés parmi les 40 meilleurs pays du monde en ce qui concerne la technologie en général.

Notre stratégie actuelle nous permet d'envisager être classé l'un des deux meilleurs pays arabes, ainsi que le premier en Afrique. .

Comment pensez-vous que les travaux et discussions qui se sont déroulés à ICT4ALL vont changer et promouvoir la technologie et les services internet en Tunisie ?

ICT4ALL est un "" meeting point "" (point de rencontre) et un "" melting point "" (point d'échanges).

Tous les acteurs du domaine, qu'ils appartiennent aux secteurs public,  privé, ou à la société civile s'y sont rencontrés. Dans le domaine public, il y avait environ 8 ministres arabes et 8 ministres africains ainsi que des  secrétaires d'Etats qui ont activement participé activement aux travaux. Plusieurs ministres tunisiens, beaucoup de CEO de compagnies, et d'entreprises, ainsi que des jeunes et universitaires, ont échangé idées et projection d'avenir, créant ainsi un lieu d'échanges.

Quand tous ces gens, aussi divers, se rencontrent et échangent idées, recherches et expériences  dans un même endroit, il y a nécessairement création de quelque chose de nouveau.

D'après vous, l'événement international ICT4ALL, au cours des 9 dernières années, a-t-il été performant et donné les résultats escomptés?

ICT4ALL s'est établi comme étant l'un des deux  premiers événements d'Afrique, parfois se classant au premier rang d'autres au second. Et nous travaillons dur pour qu'il devienne  incontestablement le premier événement d'Afrique. Pour se faire, nous allons investir de nombreuses ressources et nous envisageons de confier sa gestion à une société spécialisée dans ce domaine.

Que  vise l'économie créative ?

L'économie créative vise à créer des emplois, améliorer le bonheur des gens  et surtout des jeunes. Parce que, dans l'économie, on mesure le degré de bonheur des jeunes qui constituent les deux tiers des forces vives tunisiennes, et l'économie créative vise à créer celui de tous.

Nous travaillons sur cinq innovations : la première, l'économie créative, c'est-à-dire l'industrie des jeux, la deuxième l'internet des objets et les Smarts Cities (villes intelligentes ou connectées), la troisième le "" M developpement "" où nous allons former des milliers de  "" M develloper "" (développeurs), la quatrième la "" crypto currency "" (monnaie cryptée) qui a trait aux technologies financières dont certaines, comme les Fin-Tech, sont déjà connues et la cinquième l'écosystème de l'innovation.

De même, il y a deux activités : l'une structurante et qui est le pilier puisqu'elle sert à connecter tout le monde, et aboutir  à l'école digitale et atteindre le gouvernement sans support papier, l'autre pilier est la loi de l'exception de l'économie numérique.

Comment estimez-vous l'e-gouvernement ?

D'ici 2020, et j'espère avant, nous allons totalement supprimer les supports papier, Donc, nous nous dirigeons vers une administration numérisée rapide, efficace, que ça soit dans les traitements de gouvernement à gouvernement, ou de  gouvernement à entreprise et même de gouvernement à citoyens. Quitte  à me répéter, j'insiste qu'il n'y aura plus de support papier dans cette interaction.

Il me faut aussi mentionner que les écoles et les universités aussi seront à 100% digitales. En fait notre but se résume en trois points. Le premier, est de connecter tout le monde en Tunisie, et comme ça toutes les familles auront accès à l'internet et en haut débit et toutes les écoles, même  traditionnelles, seront en digitale mais bien sûr ça n'implique pas que les élèves ne savent plus écrire. Le second point, adhérer au tout numérique dans l'enseignement. Et en troisième lieu, créer  une administration numérique rapide, efficace, sans utilisation de support  papier.

Si nous réussissons à faire tout ça et changer un peu les lois pour qu'elles soient très aisées pour l'adoption de  l'économie numérique, notre gouvernement n'aura plus besoin de faire quoique ce soit pour que les jeunes créent leurs entreprises.

Donc, cette économie créative vise à améliorer et faciliter la vie des jeunes. Nous avons créé 50 000 emplois pour les entreprises tunisiennes et 50 000 autres pour le domaine de l'off-shoring.

Aujourd'hui, en Tunisie, 45 000 personnes collaborent à l'e-gouvernement, ce qui correspond à 7% de notre économie. Et nous ambitionnons d'ajouter 100 000 d'ici 2020.

Quelles sont les tendances actuelles du marché de télécommunication en Tunisie ?

Notre  marché est l'un des plus prometteurs d'Afrique. Les tendances est que le passage à la 4G va changer les paradigmes. Ce qui fait prospérer la 4G, ce n'est pas tous les télécoms mais tout l'écosystème qui l'entoure, et chaque compagnie de Telecom a investi dans des fonds d'investissement qui vont créer de l'innovation autour de l'entreprise.

La tendance est plutôt positive, malgré que les revenus soient en train de baisser. Le marché des télécoms en Tunisie perd moins de valeurs que l'européen, et il croitra plus vite.

En tant que ministre de la Technologie et de l'Economie numérique en Tunisie, parlez-nous du développement technologique en Afrique du nord.

Ma vision dépasse l'Afrique du nord  pour être plutôt globalement africaine. Je pense que nous allons faire du saute-mouton. Certains pays vont aller très vite dans l'adoption des nouvelles technologies et laisseront tomber les anciennes. Comme par exemple, dans l'M- payement (payement par mobile), l'Afrique était pionnière et, dès à présent, elle l'est dans la production de contenus. Et nous avons déjà commencé, avec mes amis ministres africains, un projet de marché panafricain ; et nous allons nous organiser pour le gérer d'une façon fluide.

Je pense que le pouvoir de transformations des technologies en Afrique est plus grand qu'en Europe, puisque cette dernière est déjà à l'adoption de la technologie. Et puisque nous allons faire le saute-mouton, donc nous allons tout de suite transformer la vision des télécoms en Afrique.