Typography

Le géant chinois des télécoms Huawei, au cœur d'une crise diplomatique entre Pékin et Ottawa, a annoncé le déploiement d'ici 2025 de son réseau internet dans près d'une centaine de villages du Grand Nord canadien, dont la moitié en Arctique.

Pékin a annoncé début 2018 vouloir « édifier une route de la Soie polaire grâce au développement de voies de transport maritime dans l'Arctique », affichant comme jamais son ambition pour cette région riche en ressources et en opportunités mais loin de la Chine.

Huawei a conclu un partenariat avec la société Ice Wireless, spécialisée dans les infrastructures télécoms et internet dans le nord du Canada, afin « de connecter plus de 70 collectivités rurales éloignées d'ici 2025, notamment vingt collectivités en Arctique et cinquante autres dans le nord-est du Québec », selon un communiqué, évoquant également des projets pour des collectivités à Terre-Neuve-et-Labrador.

Le géant chinois compte également « faire profiter » de son réseau internet à « 25 collectivités » du Nunavut, territoire inuit de l'Arctique canadien, a précisé une porte-parole.

Les relations entre Pékin et Ottawa sont tendues depuis l'arrestation le 1er décembre à Vancouver, sur demande américaine, de la directrice financière de Huawei Meng Wanzhou.

Depuis, les autorités chinoises ont arrêté deux Canadiens dans ce qui est vu à Ottawa comme des mesures de représailles de la part de Pékin, en plus d'en avoir condamné à mort deux autres pour trafic de drogue et d'avoir bloqué des importations de produits agricoles canadiens. Un autre Canadien a récemment été arrêté pour une affaire de stupéfiants.

Cette crise s'inscrit dans le contexte plus large de la guerre commerciale sino-américaine qui s'est récemment déplacée dans le Grand Nord: lors d'un sommet du Conseil de l'Arctique, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a fustigé « l'attitude agressive » de la Chine et lui a refusé un quelconque droit de regard dans la zone polaire.

Selon M. Pompeo, Pékin a déjà investi dans cette région près de 90 milliards de dollars en cinq ans, misant en particulier sur l'ouverture des routes maritimes du Nord, à la faveur de la fonte des glaces.

Un premier navire chinois a traversé en 2017 le passage du Nord-Ouest, entre les océans Pacifique et Atlantique dans le nord du Canada, sans toutefois demander la permission d'Ottawa.