En marge du Mobile 360 Series-Afrique de l'Ouest 2017, GSMA a présenté un rapport sur les niveaux d’adoption et d’utilisation des services de mobile money qui restent fortement inégaux entre hommes et femmes dans des pays comme le Mali et la Côte d’Ivoire. Les données du Global Findex 2014 montrent que les femmes ont 36% de chances en moins que les hommes de détenir un compte d'argent mobile, un fossé souvent bien plus important dans certaines régions.
Pour comprendre cet écart de genre dans l’adoption et l’utilisation des services d’argent mobile, GSMA a analysé les données provenant à la fois de l’offre des opérateurs mobiles et de la demande au Mali et en Côte d'Ivoire. La méthodologie de GSMA comporte l’examen des transactions de clients hommes et femmes, afin de comprendre comment ceux-ci utilisent les services d'argent mobile et identifier les étapes du parcours client dans lesquelles les femmes ont plus tendance que les hommes à abandonner les services d’argent mobile.
L’étude a permis de dégager des conclusions en six points.
1. L'écart entre les sexes est plus large avant l’étape d'inscription et reste ensuite limité jusqu'à celle de « forte utilisation », lorsque les utilisateurs effectuent des transactions mensuelles plus nombreuses et de plus grande valeur.
2. Dans les zones urbaines, il existe une réelle opportunité d'accroître le taux de pénétration des services d’argent mobile auprès des femmes, en particulier pour la tranche d'âge de 25 à 40 ans. Par contre, dans les zones rurales, il est primordial d'augmenter le taux de pénétration de ces services à la fois chez les hommes et chez les femmes.
3. Les usages des femmes en matière d'argent mobile diffèrent de ceux des hommes, et il existe une opportunité d’augmenter à la fois la fréquence et la diversité de ces usages. Les femmes ont en effet tendance à réaliser des transactions de plus faibles montants et à utiliser des services plus simples, tels que les dépôts et retraits d'espèces ou les transferts de personne-à-personne (P2P). Lors de transferts P2P, les femmes ont, par ailleurs, tendance à être destinataires de l'argent, alors que les hommes sont plus susceptibles d'en être les expéditeurs.
4. Parmi les propriétaires de téléphones, et au cours des différentes étapes du parcours client, les barrières à l’utilisation des services d’argent mobile sont généralement identiques pour les femmes et les hommes. On observe des difficultés avec notamment la mauvaise compréhension du service, la perception d’un manque d’utilité et le manque d'argent qui sont les principales barrières signalées par les hommes et les femmes dans ces deux pays. Autres difficultés évoquées, le faible taux d'alphabétisation, les frais de transaction, la faible expérience client lors de l'étape d’inscription, le manque de confiance et les problèmes techniques.
5. L'utilisation non-enregistrée des services d'argent mobile, y compris lors de dépôts directs et de l'utilisation du compte de quelqu'un d'autre, était particulièrement répandue dans les deux pays, en particulier lors des premières étapes du parcours client. Même lorsqu’elles ont leur propre compte, les femmes enquêtées étaient beaucoup plus susceptibles que les hommes de réaliser des transactions d'argent mobile non-formelles et non-enregistrées au sein des bases de données des opérateurs. Cela empêche les femmes de tirer pleinement parti de l'utilisation de leur propre compte d’argent mobile, notamment de la confidentialité, de la sécurité et l’indépendance financière que celui-ci peut apporter.
6. On note enfin une corrélation entre le niveau d'éducation et la profession des utilisateurs d’une part et leur niveau utilisation de l'argent mobile d’autre part. Ceci suggère que l'éducation et la profession d’un utilisateur peuvent permettre de prévoir sa disposition à devenir un utilisateur actif des services d'argent mobile.