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Dans son récent rapport intitulé « State of Broabdand 2016 », l’Union internationale des télécommunications des Nations-Unies (UIT) déclare que le fossé grandissant entre le monde connecté et le monde déconnecté est inquiétant. Selon le rapport, plus de la moitié de la population mondiale n’utilise pas l’internet à cause des coûts élevés du haut débit et de l’inaccessibilité. Le rapport aborde le fait que 3,9 milliards de personnes n’ont pas d’accès à internet  dans leurs maisons ou sur leur mobile, et que le problème concerne  principalement les groupes de «  femmes,  de personnes âgées, les moins instruits, les populations à bas revenus et celles vivant dans les régions rurales. » 

Dans son rapport, l’UIT indique qu’il est vital de garantir la connectivité aux personnes déconnectées pour  assurer à tout le monde une opportunité égale de participer à l’économie numérique et avoir accès à toutes les informations fournies par l’internet dans les lieux de travail et au niveau de l’éducation. En outre, la connectivité contribue à la réalisation des Objectifs du développement durable des Nations-Unies ou ODD, d’ici 2020, sachant que l’internet a le pouvoir d’enrichir les vies des individus. En effet, les cibles de l’UIT nommés « Connect 2020 » appellent à ce que 60% de la population mondiale soit connectée d’ici 2020, ce qui signifie, selon le rapport, qu’il faut assurer la connectivité à 1,2 milliards de personnes au cours  des quatre prochaines années.

L’un des problèmes que l’UIT considère comme étant un obstacle à la réalisation de ses objectifs est le fait  que l’accès au haut débit fixe est onéreux. Selon l’UIT, bien que son coût ait diminué au cours de la dernière décennie, il reste « clairement inabordable » dans bon nombre des pays les plus pauvres dans le monde. Les statistiques montrent qu’en 2008, le prix moyen de la connexion de large bande fixe de base dans le monde était de 80$ par mois mais, il a diminué un an plus tard pour atteindre 25$ par mois. Un grand progrès a été réalisé, toutefois dans les pays pauvres, un bouquet mensuel d’internet de haut débit fixe avec juste un gigaoctet de données (à peu près la quantité nécessaire pour télécharger un film), coûte encore plus que la moitié d’un salaire annuel moyen.

La solution au problème du haut débit onéreux est, selon le rapport, l’accès à l’internet mobile. Les réseaux du haut débit mobile couvrent près de 84% de la population mondiale. Toutefois, l’obstacle principal à l’utilisation extensive du haut débit mobile est le coût élevé des combinés comparé au prix de l’abonnement à un bouquet mensuel. «  En 2016, les gens ne se rendaient plus en ligne mais étaient en ligne », indique le rapport. « Toutefois, plusieurs personnes n’utilisent pas encore l’internet et plusieurs utilisateurs ne profitent pas complètement de son potentiel. »

Avoir 3,9 milliards de personnes déconnectées est un grand nombre, mais ces personnes sont concentrées dans certaines régions, spécifie le rapport. Les Etats-Unis apparaissent parmi les 20 premiers pays, ayant la plus grande population déconnectée et occupent le 15ème rang. Les 20 premier pays de la liste constituent 75% du total de  la population déconnectée. Les trois premiers pays sont l’Inde, la Chine et l’Indonésie, qui constituent 46% de la population déconnectée au monde, alors que le Pakistan, le Bangladesh et le Nigeria, présents sur la liste, contribuent collectivement à 55% de l’ensemble de la population déconnectée au monde. 

Le rapport indique que : « bizarrement, deux des trois premiers pays ayant la plus grande population déconnectée sont aussi les premiers ayant la plus grande population connectée. Avec près de 277 millions d’utilisateurs d’internet, l’Inde a dépassé les Etats-Unis pour occuper le deuxième rang juste après la Chine. »

Afin d’augmenter l’accès au numérique au niveau mondial, l’agence des Nations-Unies considère qu’elle a besoin de plus de données sur ceux n’ayant pas accès au monde de la technologie de l’information. Dans son rapport, elle explique que « une révolution de données est nécessaire pour mieux comprendre qui utilise l’internet, où et quand ». L’UIT a souligné que les abonnements aux mobiles, longtemps considérés comme indicateur de connectivité, ne reflètent plus  leur véritable utilisation.

Alors que le nombre d’abonnements au mobile au monde équivaut à peu près à celui de la population, dans quelques régions, le rapport indique que près de 40% des personnes ne possèdent ou n’utilisent pas un mobile, ce qui suggère que le grand nombre de personnes ayant de multiples abonnements a biaisé les données.

L’UIT a déjà prévu que le nombre total d’abonnements au haut débit mobile atteindra 3,6 milliards d’ici fin 2016, alors que près de la moitié de tous les abonnements mobiles sont basés sur le haut débit. La différence entre l’adoption du haut débit mobile dans les pays développés et ceux en développement est soulignée dans le rapport : la technologie est populaire dans les pays développés grâce à son utilité, alors que dans ceux en développement, « le manque chronique d’infrastructure de télécommunications fixe fait du mobile une plate-forme essentielle et non pas un choix ».

Les géants de l’internet Facebook et Google ont entrepris des actions concrètes pour combler le fossé de la connectivité en utilisant la technologie des satellites et drones. En effet, l’accès à internet en Afrique est limité par un faible taux de pénétration comparé aux autres régions du monde. Selon Internet World Stats, la pénétration de l’internet était de 28,6% en 2015, comparée avec le taux moyen mondial qui constituait 46,4%. Afin d’élargir l’ampleur de la connectivité en Afrique, Facebook a établi un partenariat avec Eutelsat pour lancer une nouvelle initiative qui renforcera les technologies de satellites afin d’augmenter le nombre d’Africains connectés.

En outre, Facebook est en train de mettre en place des drones à énergie solaire qui survoleront  pendant plusieurs mois d’affilée des régions lointaines émettant une connexion à internet.  Le projet baptisé « Projet Aquilla », a débuté quand Facebook a acheté une petite entreprise britannique nommé Ascenta, spécialisée dans  les drones à énergie solaire.

Un projet similaire lancé par Google, nommé  « Project Loon », utilise des ballons placés dans la stratosphère à une altitude de près de 18 km pour créer un réseau aérien sans fil avec des vitesses de la 4G-LTE. Le projet vise à connecter les gens à internet dans les mêmes régions lointaines ciblées par Projet Aquila.