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En juillet 2015, l’Afrique comptait 167 millions d’utilisateurs Internet. Aujourd’hui, ce nombre a considérablement augmenté, sachant que les technologies de l’information et de la communication prennent de l’ampleur au niveau de tout le continent qui témoigne de plus en plus d’une prolifération de la téléphonie mobile.

Soixante-dix pour cent de la population africaine sont abonnés aux forfaits mobiles et les technologies de l’information et de la communication contribuent de manière importante au Produit intérieur brut (PIB), avec une somme allant jusqu’à 18 milliards de dollars. Les pays d’Afrique rentrent ainsi dans la catégorie des nations les  plus connectées à Internet, et ce, malgré le manque d’infrastructures. Il n’en demeure pas moins que le taux d’accès aux connexions et le potentiel numérique varient d’une région à l’autre. Citons à titre d’exemple le Nigéria et l’Egypte qui comptent le plus grand nombre d’utilisateurs contre l’Ouganda qui enregistre des taux considérablement faibles.

Des opérateurs actifs sur le marché

Il serait erroné de considérer l’Afrique en tant qu’ensemble pour évoquer une homogénéité au niveau du développement du marché de la téléphonie mobile. Le continent englobe 54 pays, un milliard d’habitants et de grandes disparités socio-politico-économiques. Il est toutefois à noter que 91 pour cent des connexions mobiles sont comptabilisées par 25 pays, dont les 3 principaux sont le Nigéria, l’Egypte et l’Afrique du Sud.

D’autre part, le taux de pénétration du mobile dépasse désormais 80 pour cent dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest. Continent aux enjeux importants pour les opérateurs de télécoms, ces derniers ne manquent pas de fournir maints efforts visant à conquérir ou fidéliser les potentiels clients. Ces efforts se manifestent notamment par une adaptation à tous les niveaux au contexte africain, par la mise en place de travaux d’innovation en matière de téléphonie mobile, ainsi que la création de nouveaux services et usages, etc.

Même si le groupe sud-africain MTN est considéré comme le plus gros opérateur du continent, la concurrence ne se fait pas simple. D’autres opérateurs tels qu’Orascom Telecom, Vodacom (filiale de Vodafone) et Safaricom, se bousculent sur un marché assez attractif et ouvert aux investisseurs étrangers. Ceux-ci ont réussi à adapter les produits et services à la société africaine, privilégiant un modèle basé sur la réalisation d’une faible marge de bénéfices tout en attirant le plus grand nombre d’abonnés possible, avec une politique commerciale qui convient à la faiblesse des revenus. Il faut toutefois signaler que les opérateurs de télécoms présents en Afrique affichent des niveaux de rentabilité assez élevés.

En 2015, la marge du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements  (EBITDA) s’élevait à 52 pour cent pour l’opérateur sénégalais Sonatel et à 51 pour cent pour Maroc Télécom dans son pays d’origine. Sur la même période, le groupe Orange affichait une marge d’environ 30 pour cent. En 2014, Sonatel affichait une rentabilité des capitaux propres (RCP) de 25 pour cent contre environ 7 pour cent pour le groupe Orange, sur le même intervalle de temps.

Des GSM à la 4G en passant par la 3G

En Afrique, les opérateurs tendent continuellement à offrir de meilleurs services et débits aux usagers tout en fournissant une couverture toujours plus étendue. Ainsi, la 2G a d’abord facilité l’accès aux services mobiles basiques pour tous (Voix/SMS), avant que la 3G ne fournisse le haut débit mobile, proposant ainsi des applications multimédia en mobilité. Aujourd’hui, plusieurs pays africains ont déjà déployé le LTE ou la 4G avec pour objectif de se surpasser en termes de services, de débits et de caractéristiques techniques. Alors que bon nombre de ces pays ont introduit la 4G en 2015 comme le Maroc, d’autres sont, au contraire, restés au stade des essais techniques. La Tunisie a pour sa part lancé la 4G il y a quelques mois, alors qu’en Algérie, son introduction est prévue fin 2016.

Plus encore, chez MTN et Orange Côte d’Ivoire, l’exploitation commerciale de l’Internet mobile à haut débit s’est faite autour du mois de janvier 2016. Idem pour le marché sénégalais des télécoms qui est dominé par Orange, devant Tigo et Expresso.

Plusieurs initiatives ont dans ce sens vu le jour en Afrique de l’Ouest. C’est ainsi que SEACOM (South East Asian Telecommunication Cable), un câble sous-marin de fibre optique de 17 000 kilomètres de long qui a coûté 650 millions de dollars, relie désormais l’Afrique du Sud à Bombay (Inde), Marseille (France) et Londres (Royaume-Uni), via le Kenya, la Tanzanie, le Mozambique et Madagascar, offrant une capacité de 1,28 Tb/s. Dans le même ordre d’idées, Alcatel-Lucent a permis de couvrir une distance de 4500 kilomètres par la fibre optique. Ce projet entre dans le cadre du système sous-marin est-africain TEAMS (The East African Marine System), actuellement opérationnel au Kenya avec une capacité de 40 Gb/s (pouvant être accrue à  640 Gb/s).

Il est incontestable que la téléphonie mobile a permis d’innover en Afrique, entraînant une grande transformation économique et sociale dans les sociétés et communautés du continent. Toutefois, l’Afrique doit faire des progrès dans la mise en place d’infrastructures et de compétences adéquates pour le développement d’une industrie viable. Les pays africains doivent également se concentrer sur la promotion de la recherche, du développement et de l’innovation dans le secteur numérique, afin d’avoir un avantage concurrentiel face aux autres régions du monde.